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21/12/2013

Nouvelle Bible AELF : "voici que la vierge est enceinte..."

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Le texte liturgique officiel rétablira – notamment pour toutes les lectures paroissiales francophones – la traduction d'Isaïe 7:14  en usage depuis la Bible juive de la Septante (270 avant J.-C.) :

 


 

<<  C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu'elle appellera Emmanuel (c'est-à-dire Dieu avec nous)... >>

C'est la version d'Isaïe 7:14 que l'on peut lire désormais dans La Bible - traduction officielle liturgique, texte intégral publié par les évêques catholiques francophones (Mame). Cette version sera bientôt celle des lectures dans toutes les paroisses où l'on parle français.

Mais ce dimanche encore, on va entendre la version des années 1980 : « voici que la jeune femme est enceinte... »  Cette formule (« jeune femme ») avait troublé beaucoup de gens lors de son introduction. Voulait-elle dire que les théologiens postconciliaires ne croyaient plus à la virginité de Marie, donnant ainsi tort aux Pères ?

En fait il s'agissait d'un de ces problèmes créés par l'ambivalence du vocabulaire hébreu. Le terme original (ha-'almah) désigne en ce cas l'adolescente non mariée, donc vierge par définition à cette époque et dans cette culture ; plutôt que la « jeune femme », non-vierge par définition. D'où la traduction proposée, bien avant le Christ, par la bible juive [1] en grec : hè parthénos, « la jeune fille vierge » ; et l'application du verset d'Isaïe à Marie par l'évangile selon Matthieu (1:22-23), puis par le théologien martyr Justin de Naplouse (IIe siècle), puis par Irénée de Lyon (IIIe siècle), etc... jusqu'aux traducteurs de la fin du XXe, inspirés sans doute par le désir de choisir un sens d'almah qui soit plus proche de la lecture rabbinique. (Rappelons que le judaïsme rabbinique, postérieur à la destruction de Jérusalem, avait pris le contrepied de la Bible juive en grec sur de nombreux points). Mais cette traduction (« jeune femme ») est réfutée par les linguistes, notamment Christophe Rico in La mère de l'Enfant-Roi - Isaïe 7:14 (Cerf 2013) :« D'un point de vue inductif (faits positifs), l'examen de l'ensemble des emplois, des versions et des textes disponibles engage le chercheur à soutenir la thèse ici avancée : ‘almâ désigne l'adolescente vierge. »

Le plus beau est que la Segond 21, Bible protestante de 2007, traduisait pour sa part : « la vierge » ! La Bible évangélique du Semeur (2000) traduisait  : « la jeune fille », synonyme de « vierge » dans la Palestine antique... (La TOB 2012 disait : « la nubile », formule plus évasive mais évitant elle aussi le sens de « jeune femme »). La traduction AELF des années 1980 était donc moins mariale que les traductions protestantes. Constatons aujourd'hui que la traduction AELF de 2013 renoue avec la lecture constante d'Isaïe 7:14 par le Magistère catholique. Comme dit le proverbe : un peu de science éloigne de la foi, beaucoup de science en rapproche.

 

____________________

[1] Ce n'est donc pas une traduction-déformation chrétienne, contrairement à ce que les controversistes affirment depuis des décennies.



 

12:23 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : christianisme, noël

Commentaires

UN PASTEUR TEMOIGNE

Et oui : "voici, la vierge sera enceinte..." C'est bien le texte que nous lisons dans la Segond (même les versions antérieures à 2007).. Ce n'est pas que nous soyons plus "marial"... Il y a souvent confusion à ce sujet..
Voilà le début de ma prédication de demain :

« Vous, protestants, vous ne croyez pas à Marie.. » C’est une phrase que nous entendons fréquemment. Alors, nous devons rectifier. Nous croyons à Marie, et même à la vierge Marie mais, nous ne la prions pas. D’ailleurs, nous ne prions ni Marie, ni aucun saint. Nous ne prions que Dieu car c’est ce que nous invite à faire Jésus, en nous disant que Dieu est comme un Père tendre et fidèle qui nous veut tout le bien possible…
Et Marie reste pour nous ce que nous en disent les évangiles. Le théologien Karl Barth disait de Marie : «Elle est le modèle et le paradigme de tout chrétien appelé et destiné à croire et donc à obéir et à servir.. » C’est vrai, et, nous pouvons dire aussi cela de Joseph… C’est bien ce que nous explique le texte de l’évangile de Matthieu aujourd’hui... etc...
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Écrit par : jean-paul nunez / | 21/12/2013

PLUS QUE TOTAL

> Oui. Et elle était là, discrète, avec les apôtre "paumés" qui se demandaient bien ce qu'ils devaient attendre, elle qui avait attendu dans l'espérance et la foi d'Israël ce qui avait été conçu au plus intime d'elle-même et qui désirait embraser la famille humaine après l'avoir embrasé ELLE et avec son consentement 'plus que total'.
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Écrit par : Gérald / | 21/12/2013

CANA

> Je pense que les protestants se privent d'un formidable soutien en ne priant pas la Mère de Dieu , ni saint Joseph ni les saints . Il ne s'agit pas de ne prier que la Vierge et les Saints : ils sont de formidables aides pour aller à Jésus. Les anges aussi d'ailleurs .
Rappelez-vous les noces de Cana, où c'est par l'intermédiaire de Notre Dame et par sa prévenance que le miracle a eu lieu.
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Écrit par : BrunoK / | 21/12/2013

à BrunoK

> Et précisément à Cana Marie dirige nos regards vers le Christ en disant aux serviteurs (et donc à nous) : "Faites tout ce qu'Il vous dira" !

Une petite rectification sémantique : on ne prie pas Marie ou les saints, on leur demande de prier pour nous.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 21/12/2013

SEMANTIQUE ?

> tout cela n'est qu'un vaste problème répétitif de sémantique, de traduction linguistique à travers des mailles de langues dont les filets ne sont pas de même taille, et donc, au final, de compréhension spirituel du texte.

Il est depuis toujours un débat entre théologien, pour comprendre le sens de ce mot hébreu désignant à la fois "jeune femme" ou "vierge". C'est un vrai faux débat de sémantique qui durera jusqu'à la fin des temps.

La lecture hébraïque place le débat sur une jeune femme qui est enceinte, et donc normalement vierge selon la coutume, mais cette simple lecture linguistique ne dit rien de spirituel et reste énigmatique pour les juifs, autant ceux du temps du Christ que ceux d’aujourd’hui.

La lecture des chrétiens, place le débat plus intensément à suite de la lecture de saint Luc et de son évangile ....[de "l'Annonciation" (selon une vue "maximaliste" catholique], où de "l'Incarnation" vu du coté de Dieu, selon une vue plus de "tendance protestante" et aussi selon une vue plus "mariale minimaliste", du coté catholique].....(vous m'avez suivi?)....

bref, disais-je : les chrétiens placent le débat plus intensément à la lecture de l’évangile de St Luc pour signifier la conception miraculeuse et sans père "terrestre" de Jésus;

C'est donc bien l’Évangile de Luc qui éclaire le passage de Isaïe,14.
Les deux lectures d'Isaïe sont parfaitement bonnes, et je dirai même que la lecture selon les années 1980 ancre un peu plus notre chrétienté dans sa judaïté, mais que ni l'une ni l'autre ne sont fausses ou erronées, ni plus vraies où déviantes, ni plus heureuses ou malheureuses.

Elles sont complémentaires car historiquement vraies, et toutes deux reprises indifféremment selon les époques et les appointances spirituelles du moment.
Marie est Vierge selon notre foi chrétienne, et elle l'est bien plus pour affirmer l'absolue action unilatérale de Dieu dans le mystère de l'Incarnation, qu'elle ne l'est en raison de la grande sainteté de Marie.
Mais cette virginité affirmée clairement par les chrétiens par foi, est totalement exprimée dans ce passage d'Isaïe 7,14 selon une vue plus humaine ("la jeune fille"), à condition bien sur que ce passage soit lu avec nos yeux et nos cœurs de chrétiens éclairés qu'ils sont par le miracle de la résurrection et donc de l’incarnation, sinon, comme pour les juifs actuels, ils resteraient bien mystérieux.

La Septante est la première bible des chrétiens, certes cher PP, mais tout ce qui est dans la Septante n'est dans notre bible catholique, notamment les livres des macchabées 3 et 4, le psaume 151 et autres textes comme le livre d’Esdras, et aussi certaines traductions de passages connus de notre bible.

Mais comme vous l'initiez, je tiens à rappeler que la Septante est à découvrir depuis Marguerite Harl absolument pour connaitre nos origines juives et chrétiennes des premiers siècles de notre bible, mais aussi pour faire connaitre cette déjà ancienne vidéo orthodoxe dans le blog œcuménique de Château-Gontier, d'une conférence d'un spécialiste orthodoxe de cet ouvrage commencer d'être rédigé bien avant le Christ, et terminé avec les apôtres : http://oecumenisme-de-chateau-gontier.over-blog.com/article-la-septante-et-l-orthodoxie-une-conference-video-a-voir-absolument-63405443.html

JC


[ PP à JC - Oui, mais sans perdre de vue que la controverse porte sur "jeune FEMME" ou "jeune FILLE", comme Sitbon le souligne dans son récit de conversion !
Si c'est "jeune FEMME", il n'y a aucun miracle, donc aucun signe divin...
Il ne faut pas confondre analyse sémantique et polémique intentionnelle.
Il ne faut pas non plus confondre le judaïsme rabbinique moderne et les judaïsmes intertestamentaires, d'où est né le christianisme - comme le montre très bien le livre de Mossé. ]

réponse au commentaire

Écrit par : jean-christian / | 22/12/2013

> Je me suis laissé dire que cette traduction "vierge" avait été adoptée (contrairement à la proposition initiale en français "jeune femme" ou "jeune fille" ?) afin d'harmoniser les traductions dans les différentes langues.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 22/12/2013

LA SEPTANTE

> Bien utile remise au clair: on nous a dit trop souvent que la version rabbinique était bien supérieure à la bible de la Septante au motif d'être hébraïque.

Mais à l'inverse, j'avais entendu dire que la grande valeur de la Septante était d'avoir fixé le texte antérieurement, l'écriture de l'hébreu n'étant pas vocalisée, donc imprécise, à cette époque mais seulement à l'époque, de l'établissement de la fixation du texte rabbinique . Vrai?

PH


[ PP à PH - La Septante s'est trouvée face à ce problème, qui impose au traducteur de se livrer parfois à des "transpositions", avec une marge d'erreur possible si l'on ne tient pas compte du contexte intentionnel de l'original. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 22/12/2013

ENCORE DEUX CORRECTIONS

> Je me prends à espérer que la nouvelle traduction corrige deux « absurdités » qui nous sont proposées par le lectionnaire actuel :
1) L'ANNONCIATION A MARIE - A l'sannonce de l'ange qu'elle enfantera le Fils du Très-Haut, le lectionnaire fait dire à Marie : 'Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge' - Idiot ! N'importe quelle gamine sait comment cela se fait... même quand on est vierge. Le texte grec porte : « epei andra ou ginôskô = parce que je ne connais point d'homme (Lc 1,34). Expression hébraïque signifiant : avoir des relations conjugales (cf. Gen. 4,1 : 'L'homme connut Eve, sa femme ; elle conçut et enfanta Caïn'). Du reste, la réponse de l'ange Gabriel est dans la droite logique de la question de Marie : 'L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance d'en-haut te couvrira de son ombre'
2) L'INDISSOLUBILITÉ DU MARIAGE - Les Pharisiens posent à Jésus la question de savoir s'il est permis de répudier sa femme. Jésus répond en citant le livre de la Genèse (2, 24) : 'L'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair' (Mt 19, 4-5). Est-ce pour faire simple ? le lectionnaire fait dire à Jésus : 'il ne font qu'un'. Mille regrets ! Mi dispiace ! Le mariage n'est pas du café au lait : chacun des époux garde sa personnalité, et la preuve est qu'il est question de divorce. Le mariage est une alliance, et non pas un alliage !
J'espère que ces bêtises seront corrigées...

JCA


[ PP à JCA :
- Elles sont corrigées toutes les deux dans la Bible AELF 2013 ! (Scrupuleuse minutie des experts : puisque ces deux faux sens n'engageaient pas la foi, contrairement au faux sens sur "almah")...
- Mais vous avez raison de faire observer que les traductions relâchées des années 1980 furent pour beaucoup dans l'idée que le christianisme était bidon... puisqu'on pouvait lui faire dire ce qu'on voulait, au gré de modes pédantes (et erronées) que la nouvelle traduction AELF met heureusement au placard. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jean-Claude Alleaume / | 23/12/2013

ACHETER LA BIBLE AELF

> Cette nouvelle traduction francophone semble mieux inspirée que certaines qui pour être très belles ou très poétiques, n'en sont pas moins ambiguës. Vous me confortez dans mon intention de l'acheter, même si je vais un peu regretter ma petite Bible de Jérusalem qui m'a accompagnée pendant des années !

Merci pour vos articles toujours intéressants et très joyeux Noël à vous et aux vôtres.
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Écrit par : Isabelle / | 23/12/2013

"CATECHISME" (?) DES ANNEES 70

> Quand j'étais enfant dans les années 70, l'édulcoration, la déformation des évangiles était de mise pendant les cours de "caté" parce qu'on était gêné par le surnaturel.

Quelques exemples :

1/ Ange :
"ange veut dire 'messager'. Donc quelqu'un est venu dire à Marie qu'elle serait mère. Vous voyez les enfants, les Évangiles n'ont jamais dit que Dieu envoyait des gens avec de grandes ailes" (en effet, ils ne l'ont jamais dit, l'Eglise non plus mais le point commun s'arrête là)

2/ Résurrection
"ça veut dire que sa parole vit toujours en nous."

3/ Satan
"c'est la personnification du mal qu'on commet. Vous savez Jésus parlait il y a très très longtemps ! Il utilisait un langage qu'on appelle 'imagé' pour que tout le monde comprenne. Si vous voulez, le mot 'satan', c'est pareil que -comme on le disait avant le Concile- le mot 'péché' " (petit sourire méprisant).

Ca peut paraître incroyable qu'un catéchiste ou -hélas ! - un prêtre ait pu sortir des hérésies pareilles, mais souvenez-vous des considérations ras des pâquerettes ou carrément hérétiques dans le site "institut des libertés":
Jésus est contre les impôts comme le montre "donnez à César...", Jésus est contre l'Etat comme le montre l'évangile des tentations au désert, etc etc.

Quand je repense aux prêtres de l'époque - ceux que j'ai connus bien sûr, mais j'en ai connu un certain nombre car nous errions d'église en église dans l'espoir de tomber enfin sur une messe qui soit catholique avec un prêtre qui ne serait pas l'otage d'une bande de paroissiens autoritaires, tombés en complexe sacerdotal* - quand je repense aux prêtre que j'ai connu à l'époque donc, je vois des hommes littéralement crevés et tristes, ou bien au contraire caractérisés par une quasi hilarité dont je me suis rendu compte depuis qu'elle était une pose.

* on a fini par trouver, rassurez-vous : la messe de Paul VI, (la vraie,car à l'époque il fallait le préciser ; c'est hélas encore vrai dans certains endroits) l'église était remplie à craquer. C'était socialement mélangé (comme par hasard ! je l'ai toujours constaté là où la messe est dite saintement).
Le prêtre faisait son travail, les paroissiens rendaient service. Mais en dehors, le pauvre curé a été littéralement persécuté.
Pas mal de gens aussi allaient, au moins voir, à la FSSPX qui venait d'arriver.
D'autres alternaient : la messe Paul VI & le caté à st Pie X.
une minorité agissante déformait l'enseignement de l'Eglise, passivement aidés par des cathos sociologiques dont la quasi absence de formation religieuse empêchait de discerner les erreurs, de se dire "non! le concile N'A PAS PU DIRE CELA ".
Beaucoup ont complètement laissé tomber toute pratique.
Bcp faisaient ce qu'ils pouvaient ds leurs paroisses puis finissaient par la quitter pour entamer une longue "tournée des paroisses" jusqu'à en trouver une catholique romaine.
Il y avait aussi la paralysie due à un certain cléricalisme.

C'était effroyablement difficile dans certains diocèses ; comment défendre l'Eglise de l'intérieur ?
comment rester ds son rôle de laïc ?
La plupart des cathos étaient complètement attentistes : ils soupiraient mais laissaient déformer la foi et le concile et désobéir au pape (désobéissance jamais claire et avouée mais toujours sournoise, par enfumage).
Ces attentistes se distribuent aujourd'hui des médailles (de résistance passive ?) pour leur attitude -inutile au Christ- dans les années 70/80... et sont toujours aussi passifs sur tout ce qui est social, le grand combat d'aujourd'hui.
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Écrit par : E Levavasseur / | 28/12/2013

à E. Levasseur

> Oui, votre sinistre constat de la crise des années 70 est hélas tristement vrai pour l'essentiel, mais ne jetez pas le bébé avec l'eau du bain !
Ange : ἄγγελος (angelos) en grec veut bien dire "messager" ; c'est du reste de cette racine que vient la prière de l'Angelus ("L'ange du Seigneur apporta l'annonce à Marie").
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Écrit par : Michel de Guibert / | 29/12/2013

@ E Levavasseur

> Je suis très touché par ce que vous écrivez des années 70 que nous avons vécu, nous, comme parents, survivant un pied dans un mouvement qu'on peut qualifier d'intégriste même si nous nous en défendions à l'époque, au contact duquel se produisirent un certain nombre de conversions, et l'autre dans nos paroisses successives ou nous avons côtoyé d'honnêtes prêtres, pas tous emportés par l'air du temps.
Ma femme, courageusement, enseigna le catéchisme pendant des années. Or, c'était dans le 93 qui, diocèse ouvrier, se devait d'être choyé en matière d'innovations pastorales - on assénait des cours de marxisme aux religieuses d'Epinay - car nos élites prenaient, au fond, le prolo pour un nigaud! De fait certains laïcs étaient insupportables, vérifiant la proportionnalité mathématique entre la suffisance et l'ignorance.

Votre remarque sur le mélange social dans les paroisses ou la messe était dite saintement est importante.
Elle en appelle une autre: nous nous plaignons d'un clivage actuel entre les milieux sociaux mais cela fut officiellement institué par la théorie de "l'apostolat du milieu par le milieu" qui a débouché sur la "spécialisation" à outrance de l'Action Catholique: nous les Travaileeeuuurs, nous les Jeeeeuuuunes, nous les Câââââdres etc avec une faveur particulière pour les mouvements ouvriers, balayés depuis par la désindustrialisation et le peuplement de ce qui reste de classe ouvrière par des migrants souvent musulmans, du moins dans les grandes villes.

Se regrouper par milieu est une pente naturelle, ce n'était pas la peine de la légitimer! On peut penser que la non résistance de beaucoup face au libéralisme doit pour une large part à ce clivage générateur de méconnaissance et d'incompréhension.

PH


[ PP à PH - En effet, il faut constater - chez les seniors - que pas mal de "progressistes" des années 1980 sont devenus aujourd'hui des libéraux, notamment écolophobes parce que se soucier de l'environnement serait "désespérer de l'homme", et que "la croissance c'est l'emploi", verbatim aux Semaines sociales d'il y a quelques années. Et toujours aussi dédaigneux du Magistère, quoiqu'en sens inverse... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 29/12/2013

à Pierre Huet

> Ah oui, les années 70 (et encore aujourd'hui la queue de la comète !) l'ignorance arrogante, le "cléricalisme" des laïcs ayant pris le pouvoir, la pastorale de l'enfouissement, l'action catholique spécialisée et l'apostolat du milieu par le milieu, les messes ethniques, les messes des jeunes ou les messes dites des familles, etc.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 30/12/2013

@ M de Guibert

> Mon cher Michel (qui est comme Dieu), vous qui avez un académicien parmi vos ancêtres ou grands oncles, comment avez-vous pu lire que la controverse portait sur le rappel de l'étymologie du mot "ange" et non sur l'utilisation enfumatoire qui en était faite dans l'exemple donné ?
L'importance donnée au sens des mots date de bien avant les années 70.
Il n'est donc pas question de throwing the baby out with the bathwater.
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Je suis assez réservé sur l'opportunité des "messses des familles", "messes des jeunes", etc tant pour la manière dont elles sont souvent célébrées (souvent cucul-la-praline et bisounouresque) que pour la coupure que cela opère dans une paroisse.
Outre que cela tourne souvent au gala Chantal Goya, c'est quasi toujours une manière pour untel de montrer ses talents musicaux sous couvert de "participation", d'"implication" de "s'approprier la messe".
La messe ce n'est pas le pestacle de fin d'année à la kermesse de l'école, c'est la célébration du sacrifice du Christ présent sous les espèces du pain et du vin, pour sauver tous les hommes.
-"ah mais si vous dîtes cela, personne ne va venir."
- Au contraire monsieur-le-laïc-qui-sait-tout-mieux-que-l'Eglise : plus on rentre dans le lard, plus les gens viennent parce que ça les change de la soupe (en)fumante versée par la dictature matriarcale et qui est servie partout.
"Oui mais ça fait très antéconciliaire ce que vous dîtes" (gna-gna-gna)
non mon gars, c'est le caté !
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les années 70 c'est lorsque la crise interne de l'Eglise devient visible. En réalité elle avait commencé bien avant par l'ampleur du formalisme, de la pratique-religieuse-à-cocher-dans-l'agenda, du manque d'approfondissement d'une relation personnelle Homme-Dieu, etc
Le XIXe avait fait de bonnes réformes (même si incomplètes) mais il convenait de les dépasser : la tradition est un fil conducteur, pas une répétition.
Arrivé aux années 50, il était évident (Pie XII notamment l'a dit et répété), qu'il fallait aller de l'avant sous peine de formalisme.
La formation religieuse et le manque d'implication des cathos étaient déjà mauvais depuis longtemps avant les années 70. Sinon, comment ces mêmes cathos et prêtres auraient-ils pu gober qu'un concile ait pu dire les âneries qu'on a pu lui prêter ?
Il y a une continuité.
Car dans les années 70, qu'ont fait les progressistes ? ils sont seulement passés du formalisme qui prie des statues au conceptualisme qui prône des idées vagues.
Et la personne de Dieu dans tout ça ? et l'Homme ? et l'Incarnation ? Leur discours ras des pâquerettes ne doit pas masquer que la foi qu'ils proposaient désincarnait Jésus, dépersonnalisait Dieu et divinisait ses créations.
Leur préoccupation -quand elle était sincère- de l'Homme, était une impasse dès lors qu'elle était essentiellement une révolte, séparée du Christ. Ils parlaient d'espoir mais n'avaient pas d'Espérance.
En simplifiant, on pourrait dire : "christifiez" le progressisme et vous aurez un catholicisme social.
Mais alors ce n'est pas un ajout mais une conversion.
On parlait de "cathos progressistes" : en fait on aurait dû parler de "gallicans progressistes" car en fait et pour simplifier, leur vision démocratique de l'Eglise n'est que la continuité du gallicanisme : de l'Eglise DE France on passe à l'Eglise de paroisse (où le curé est prié d'obéir à un petit groupe).
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Écrit par : E Levavasseur / | 30/12/2013

@ E. Levavasseur

> Mon cher Eric, je ne vous ferai pas l'injure de penser que vous ignoriez l'étymologie du mot "ange", je voulais juste dire qu'on ne peut reprocher à des catéchistes des années 70 de rappeler qu'ange signifie "messager" quelle que soit l'utilisation "enfumatoire" qui a pu en être faite ; il y a trop d'images pieuses ou impies qui ne valent guère mieux !

Cela dit, je vous rejoins complètement sur ce que vous dites :

1) Les messes des enfants, des familles, des jeunes, et tutti quanti, outre qu'elles cultivent bien souvent l'infantilisme et la niaiserie, fractionnent le Peuple de Dieu, ce qui n'est pas une bonne chose (il en va de même pour ce qui concerne les messes séparées par groupes ethniques).
On nous dit parfois ici ou là qu'une liturgie de qualité ne serait pas adaptée aux enfants et que les enfants ne peuvent pas tout comprendre... Certes, mais nous-mêmes les adultes nous ne comprenons pas tout non plus de la Parole de Dieu qui nous dépasse infiniment ! Faudrait-il pour autant la mettre sous le boisseau ! ?
Outre que cela dénote sans doute in fine une certaine forme de mépris des enfants, cela traduit une grave méconnaissance de leur aptitude à entrer dans le mystère et de leur ouverture naturelle au surnaturel, et cela révèle une perspective catéchétique à court terme méconnaissant la nécessité de leur donner une nourriture substantielle qui soit pour eux une sorte de viatique pour toute leur vie.

2) Oui, la crise des années 70 est bien antérieure à ces années noires même si elle était encore masquée dans les années 50.
Je dirais même que sans le Concile Vatican II et sans la réforme de la liturgie, amorcée dès les années 50 par Pie XII avec la réforme de la liturgie de la Semaine Sainte et la restauration de la Vigile pascale, et encore avant lui par ce que l'on a appelé le "mouvement liturgique" (que Pie XII qualifiait de “passage du Saint Esprit dans son Église"), la crise eût été infiniment plus grave et le renouveau retardé davantage.

Oui, le formalisme et la sécularisation sont tous deux des impasses !

P.S. : Jacques-Antoine-Hippolyte est un grand-oncle !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 30/12/2013

LA CRISE VENAIT

> Sans le concile la crise aurait été pire.
Car la crise venait.
Réjouissons nous de la libération du père Vandenbeusch
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Écrit par : E Levavasseur / | 31/12/2013

CE QU'IL SOUHAITE

> Oui, Eric Levavasseur, réjouissons-nous de la libération du père Vandenbeusch.

Mais pourquoi Laurent Fabius voudrait-il le ramener en France dans les meilleurs délais (sic) ? Il faudrait voir avec lui plutôt ce qu'il souhaite !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 31/12/2013

DEBAT

> "Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène": à ma connaissance, ce n'est pas un proverbe, mais une citation de Pasteur!
Je vous ferai remarquer que la bible de Jérusalem aussi, que je préfère aux autres traductions, a opté pour la traduction "jeune femme". C'est peut-être pour faire plaisir aux Juifs (!!!), mais c'est aberrant, je me rappelle avoir lu que, comme vous le mentionnez, la Septante (traduite à l'époque alexandrine, donc, par des juifs!) employait bien le mot παρθένος, et que des Juifs (au sens où St Jean emploie ce mot!), soucieux de rejeter les chrétiens, ont changé la traduction, ou se sont opposés à une traduction par "vierge". Où l'on voit que le changement de traduction était orienté, et que le sens de "vierge" était admis par les Juifs aussi jusque là. En plus, comme vous dites, il est plus juste...Je ne vois pas bien, pourquoi, par conséquent, on a voulu à tout prix changer en "jeune femme", d'autant plus que le mot "vierge" est toujours présent dans la citation qu'en fait St Matthieu... pas très cohérent!
(du point de vue de la cohérence, du reste, il y a des choix que je ne comprends pas dans la traduction liturgique: pourquoi deux traductions du Magnificat, par exemple: celle du psautier et celle que l'on entend dans la lecture de l'évangile de St Luc?)
Il y a sûrement eu, à une certaine époque, un désir de ne choquer personne, de faire de l’œcuménisme mal placé (mal compris!!!), en faisant plus juif que les juifs, et plus protestant que les protestants... il est heureux que l'on revienne là-dessus, enfin!

à E Levavasseur

> "Sans le concile la crise aurait été pire. Car la crise venait"
Je pense que vous avez raison. Il faut longtemps pour que les conséquence d’un concile se voient. La crise des années 70 est trop proche du concile pour en être la conséquence. En revanche, les fruits du concile (naissance du Renouveau, p. ex) ont permis d'enrayer la crise.
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Écrit par : C.C. / | 08/01/2014

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